Il aurait été regrettable de passer sous silence le rôle important joué par cette gabare de mer dans l’activité des forces sous-marines basées à Kéroman.

Le Grillon en rade de Lorient. Un coffre avec marque spéciale occupe le pont de travail (23 juillet 1981).

Ce bateau faisait le dur et obscur travail de repêchage des torpilles, de mise en place des coffres de mouillage, d’ancrage et relevage de balises ou buts d’exercices. Toujours le premier à quitter le port mais dernier à rejoindre son poste d’amarrage dans l’arsenal, le Grillon affrontait souvent le mauvais temps en dépit de ses modestes qualités nautiques que lui donnaient ses formes de coque. Si l’ambiance du navire était quelquefois qualifiée de familiale, il fallait être un marin endurci pour servir à son bord. Le Grillon ne faisait pas d’escale à l’étranger, pourtant, sa silhouette particulière due aux cornes de son étrave, valait à la valeureuse gabare, comme à tous ses sister-ships de la Marine, les injustes surnoms traditionnels de « bête à cornes » ou comble de méchante moquerie imméritée, de « bateau des cocus ».

Grillon désarmé et embossé comme brise-lames à la pointe de l’Espérance à Lorient. (14 août 1989).

Les caractéristiques :
Déplacement : 770 tonnes, 850 à pleine charge.
Longueur : 46,28 mètres, largeur : 10,20 m, tirant d’eau : 3,20 m.
Propulsion : 2 diesels SEMT pour 1 hélice.
Puissance 1 600 CV, vitesse 12 nœuds (14 nœuds max).
Distance franchissable : 5 200 milles nautiques à 12 nœuds.
Armement : 1 canon de 40 mm, 3 canons de 20 mm, qui furent très vite débarqués car sans utilité en temps de paix.
Équipage : 1 officier, 15 officiers mariniers, 21 quartiers-maîtres et matelots (dont 9 appelés).

Le Grillon désarmé. Au fond, on aperçoit l’ancien escorteur-d’escadre Bouvet (2 juin 1990).

Vous trouverez une fiche très détaillée sur :
http://www.netmarine.net/f/bat/gril...
Toutes les photos ci-dessus en sont extraites.

En souvenir de cet attachant navire que fut le Grillon, vogue de temps en temps sur les eaux d’un bassin proche de Lorient cette petite maquette à l’échelle du 1/100.

Pour l’occasion, le Grillon retrouve tout son armement d’origine. ©DR.

L’article de La Liberté du 29 janvier 1988 à l’occasion de la sortie des anciens commandants :

Fin de vie active de la gabare « Grillon »
Jeudi, la gabare de mer Grillon commandée par le LV Desilve devait faire une dernière sortie en mer avant désarmement. Le mauvais temps devait contrarier cette cérémonie qui réunissait d’anciens commandants : le CV Gouzien, le CF Gouret, CF Castrec, CC Le Goff, LV Micaux.
La gabare de mer Grillon a été construite par la société anonyme des Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire dans ses chantiers de Normandie à Grand-Quevilly (Seine-Maritime) sur plans off-shore dérivés de la gabare américaine type AN 93. Date de mise sur cale : 15 juin 1953 ; mise à flot : 18 février 1954 ; admission au service actif : 25 mars 1955 ; retrait du service actif : 1er février 1988 ; armement 1 officier, 15 officiers mariniers, 21 quartiers-maîtres et matelots dont 9 recrutés.
Transférée à la France lors de son admission au service actif en présence des autorités américaines, la gabare de mer Grillon a été placée sous l’autorité organique de COMAR La Pallice jusqu’au 11 juillet 1958 date à laquelle elle est passée sous l’autorité de COMAR Lorient. Après vingt-deux ans, elle est transférée sous l’autorité organique de la direction de port de Lorient mais dépendante depuis toujours de l’autorité opérationnelle du commandement en chef pour l’Atlantique CECLANT de Brest.
Durant sa longue vie la gabare de mer Grillon a effectué dans les approches atlantiques de la France 3 157 jours de mer et parcouru 334 810 milles nautiques soit l’équivalent de près de 15 fois le tour du monde.
Le retrait du bâtiment du service actif aura lieu le 1er février 1988. Le pavillon sera descendu définitivement le 25 février. Le LV Desilve est nommé à Pont-de-Bouc comme officier en second de la compagnie des sapeurs-pompiers, commandant du bateau-pompe Louis Colet.

La reproduction de l’article de La Liberté. ©DR.